Deuil périnatal – ressources pour les sages-femmes

Cette page est le fruit de la réflexion et du travail d’un cercle qualité d’une dizaine de sages-femmes indépendantes de Lausanne en 2021. Elle se veut axée sur la pratique indépendante, mais vous y trouverez des ressources tout aussi importantes pour une pratique hospitalière. En complément des informations ci-dessous, nous vous recommandons de consulter la page du Deuil périnatal – ressources pour les familles sur la partie publique notre site.

Accompagnement du deuil périnatal

  • 20’000 familles / an concernées en Suisse (FC, MIU, mort-né…)
  • Effets constants :
    • Projet anéanti
    • Deuil de l’enfant imaginé
    • Culpabilité
    • État de dissociation, d’où l’identification des besoins peu évidente et trop
      rapide. Réévaluer les besoins plus loin dans le temps.
    • En règle générale, le moment d’intervention de la SFI correspond au début de la phase deuil (phase de chaos). La phase suivante durant laquelle la sage-femme peut aussi intervenir est la phase de reconstruction.
    • Prise en charge générale et identique pour chaque situation (anamnèse,
      signes vitaux, etc.) et prise en charge « à la carte » (à savoir adaptée à
      chaque situation de la femme, du couple et de la famille) : événement de
      deuil périnatal – son interprétation – émotions – action / réaction.


Corbeille de difficultés

  • Manque d’infos et/ou discontinuité du suivi interprofessionnel. Essayer de préciser
    l’anamnèse avant la 1re consultation.
  • Silence de l’entourage après l’accouchement
  • Possible déclenchement de la séparation du couple
  • Génération suivante peut être plus déstabilisée en regard de la culpabilité des
    parents.
  • FC souvent considérée comme un échec.
  • Acceptation difficile que le conjoint puisse vivre le deuil différemment.
  • Fratrie peut se sentir responsable du deuil (sentiment de toute puissance quand on
    est petit).


Attitude de la sage-femme à domicile

  • Offrir un cadre sécuritaire par une présence d’écoute bienveillante et non-jugeante.
  • Oser parler; on n’est jamais faux avec une question comme : comment vous
    sentez-vous aujourd’hui ? Qu’est-ce qui pourrait vous aider présentement ? La
    réponse peut orienter la SFI (besoin d’échange avec une personne de confiance,
    massage, relaxation ou autre, besoin de rituels***selon la culture / religion de la
    personne) et si la femme ne sait pas, lui faire des propositions. Le toucher peut aider
    la femme à se reconnecter à son corps.
  • Laisser parler la femme, le conjoint, la famille.
  • Ne pas donner de conseils.
  • Phrases maudites : «rien n’arrive par hasard » ou « il est parti, car il ressentait que ce
    n’était pas bon pour lui ».
  • Ne pas chercher à donner un sens.

A faire

  • Proposer la visite. La demande vient rarement des parents endeuillés, du moins les
    1ers jours.
  • Briser le possible silence de la famille environnante.
  • Exprimer ses sentiments face à la douleur des parents
  • Pas de recettes miracles; chaque personne a son propre rythme, son propre chemin
    à suivre.
  • Faire confiance en l’autre et le lui montrer; ceci est d’un grand soutien.

*** A Yverdon, il existe le « Carré des Anges » créé par Esther Wintsch en 2007 et
soutenu par la Fondation Chrysalide (façon de reconnaître que ces vies ont existé).

 

Droits et démarches administratives

Prise en charge des soins par l’assurance de base lors d’une fausse couche/MFIU/ITG/IVG/décès néonatal :

  • Avant 13 SA : assurance maladie => participation aux coûts (franchise / quote-part)
  • Entre 13 et 23 SA : assurance maternité => prise en charge par l’assurance. Sont inclus les contrôles de suivi nécessaires (10 visites à domicile de la sage-femme sans OM ; possibilité de VAD supplémentaires sur OM) ou les traitements pour les complications. Durée non spécifiée.
  • Après 23 SA : assurance maternité => prise en charge par l’assurance jusqu’à 8 semaines post-partum. Mêmes prestations que pour enfant né vivant dans les 56 jours suivants la naissance (16 ou 10 visites selon la situation). NB : après les 56 jours suivant la naissance, les visites à domicile ne sont possibles que sur prescription médicale.

Références :

  • Ordonnance du DFI sur les prestations dans l’assurance obligatoire des soins en cas de maladie (832.112.31 ), art. 16 Prestations des sages-femmes https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/1995/4964_4964_4964/fr#art_16
  • Lettre d’information: Prestations en cas de maternité et participation aux coûts, 16 mars 2018

 

Congé et allocations de maternité : 

Seulement si la grossesse a duré au moins 23 semaines. Mêmes modalités que pour un enfant né vivant pour les allocations maternité.

Possibilité d’un arrêt de travail par un médecin si grossesse de moins de 23 semaines. Le père a droit à 3 jours de congé sur présentation d’un certificat médical.

Référence : art. 23 al. 2 RAPG, https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/2005/187/fr

 

Déclaration à l’État Civil

Enfant mort-né : enfant ne manifestant aucun signe de vie à sa naissance , après une grossesse de 22 semaines révolues et/ou poids supérieur à 500g. Le nom de famille et les prénoms de l’enfant seront enregistrés à l’état civil et ces informations figureront ensuite sur la confirmation de naissance envoyée à la famille par l’office d’état civil et sur le certificat de famille si souhaité. Néanmoins, aucun acte de naissance ou de décès ne pourra être délivré, et aucune communication officielle ne sera effectuée.

Enfant né sans vie : enfant ne manifestant aucun signe de vie lors de sa venue au monde après une grossesse qui a duré moins de 22 semaines entières et au poids inférieur à 500 grammes. Pas d’enregistrement dans les registres de l’État Civil ni auprès de l’Office Fédéral de la Statistique. Les parents peuvent cependant, s’ils le souhaitent, annoncer la venue au monde de leur enfant à l’état civil de leur choix et demander l’établissement d’une confirmation. Cette demande doit être accompagnée d’un certificat du médecin ou de la sage-femme confirmant la venue au monde de l’enfant.

Référence : Art 49 à art. 54 (OEC) https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/2004/362/fr

 

Funérailles et autopsie :

Les possibilités d’inhumation ou de crémation sont réglées de manière autonome par les cantons et les communes. 

Sur Vaud, les enfants mort-nés doivent être inhumés ou incinérés, tandis que les enfants nés sans vie peuvent l’être à la demande des parents. 

Les funérailles peuvent être organisées par les parents ou déléguées au centre hospitalier.  Certaines communes participent aux frais d’obsèques, d’autres non. Se renseigner auprès des pompes funèbres locales.

Pour les autres cantons, il est conseillé de contacter directement les autorités funéraires compétentes, qui informent des exigences locales et des documents à soumettre.

L’autopsie peut être réalisée après une interruption médicale de grossesse ou une mort fœtale in utero, avec autorisation des parents. Elle n’est pas obligatoire. Les funérailles peuvent avoir lieu après. 

 

Pour aller plus loin – Livres et articles de revues scientifiques

Livre :
 
Fauré, C. (2019). Vivre le deuil au jour le jour. Albin Michel.

Le deuil périnatal : Clinique, pratiques et dispositifs thérapeutiques. (2020). Elsevier Masson.

Poletti, R., & Dobbs, B. (2014). Vivre son deuil et croître : Faire de tous les moments de sa vie une symphonie (Nouvelle éd). Jouvence éd.

Articles :

Lien très intéressant et en français donnant des lignes directrices aux soins à la mère et au nouveau-né dans une perspective familiale. Succinct, complet, avec des chiffres, taux et sources fiables. 

  • Différenciation de différents types de deuils: avant la naissance (problème de fertilité), durant la grossesse et après la naissance.
  • Pistes sur la prise en charge des familles vivant un décès
  • Explications théoriques sur la peine et le deuil
  • Outils de communication dans ce contexte particulier
  • Comment aider les familles à se préparer à un deuil périnatal
  • Soins au moment du décès
  • Soutien du deuil dans la communauté
  • Grossesse après une perte
  • Plan de naissance en cas de perte pendant la grossesse

 

Fernández-Férez, A., Ventura-Miranda, M. I., Camacho-Ávila, M., Fernández-Caballero, A., Granero-Molina, J., Fernández-Medina, I. M., & Requena-Mullor, M. del M. (2021). Nursing Interventions to Facilitate the Grieving Process after Perinatal Death : A Systematic Review. International Journal of Environmental Research and Public Health, 18(11), 5587. https://doi.org/10.3390/ijerph18115587

Revue systémique déterminant l’efficacité de différentes interventions de soins pour faciliter le processus du deuil lors de mort périnatale. 

Selon l’étude, voici différents soins aidant les femmes dans leur deuil périnatal : 

  • expression des émotions et des sentiments du couple
  • information au sujet des différentes étapes du deuil
  • support de manière générale des professionnels de la santé
  • méthodes de distractions
  • sessions en groupe
  • activités physiques (par ex yoga)

Tous ces soins améliorent l’anxiété, le sentiment de chagrin, le sommeil et la confiance en soi. Ces derniers sont surtout efficaces s’ils sont initiés avant la perte de l’enfant et s’ils sont continués par la suite.

 

Obst, K. L., Due, C., Oxlad, M., & Middleton, P. (2020). Men’s grief following pregnancy loss and neonatal loss : A systematic review and emerging theoretical model. BMC Pregnancy and Childbirth, 20(1), 11. https://doi.org/10.1186/s12884-019-2677-9

Étude systémique s’intéressant au deuil périnatal expérimenté par les pères.

Il en ressort que les pères ont des challenges différents que les femmes, notamment par rapport à la pression ressentie pour soutenir leur partenaire, du manque de reconnaissance sociale de leur deuil et de leurs besoins ultérieurs. Il y a un grand besoin de rendre accessible différents types de soutien pour les pères vivant un deuil périnatal.

À ce jour, encore peu d’études sont faites au sujet des pères et du deuil périnatal.

 

Page proposée dans le cadre d’un cercle qualité lausannois en 2021.
Auteurs : Andrade Vitor, Azéma Claire, Beck Marie-Pierre, Bruno Adrien, Cordova Rosanna, De Boer Chloé, Jérôme Lucile, Monnerat Aurélie, Naylor Charlotte, Vallat Denise.